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Ça plane pour nous
On ne le dira jamais assez : on vit dans un monde formidable.
Après des mois de travail, des centaines d’heures de réunions, de contributions, d’échanges entre les acteurs du transport routier, des travaux publics, des constructeurs, des énergéticiens et des administrations, la feuille de route dite « de décarbonation » a été remises aux ministres des Transports et de la Transition énergétique le 24 mai.
En résumé, pour parvenir aux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre à horizon 2040, la solution passe par un mix énergétique c’est-à-dire le recours à plusieurs énergies alternatives pour décarboner la flotte, et aussi par la décarbonation du fret, c’est-à-dire à différents autres leviers comme le report modal, l’éco-conduite et l’optimisation de la logistique.
Seulement voilà, une semaine après, l’ébauche de la planification écologique pour notre secteur semblait n’en tenir aucun compte.
Mieux encore, la publication de la synthèse des travaux de la SFEC (stratégie nationale énergie climat) témoigne qu’on n’a même pas jugé utile d’auditionner les acteurs du transport routier et de la logistique, pour ensuite parler de « sobriété » et oublier totalement le mix énergétique.
A priori, de nouvelles annonces sur la planification écologique seront faites avant fin septembre. On ose espérer cette fois-ci être enfin entendus. La transition est un processus et on ne peut pas demander à tout un secteur de passer par une seule énergie, en l’occurrence l’électrique.
On espère aussi que nos travaux seront pris en compte dans l’élaboration de la future SNBC (Stratégie Nationale Bas carbone).
A défaut, nous devrons tous reconsidérer le sens du mot « concertation ».
Manifestement, plein de gens très intelligents travaillent sous différents acronymes pour se projeter dans une planification écologique, énergétique : SFEC, SNBC, PPE*, PNACC*, SDMP*, CPE*, SGPE*, CNR* (et on en oublie très certainement).
Mais il manque le nerf de la guerre, le pendant indispensable : la planification financière, le plan de financement.
Avec des véhicules plus chers, des énergies plus chères, alors que les capacités d’investissement de nos entreprises ne sont pas extensibles, comment va-t-on financer tout ça ?
Idéalement, les clients devraient être les premiers à être mis à contribution. Mais n’étant tenus, eux, à aucun objectif de décarbonation de leurs transports, on se doute qu’ils vont considérablement trainer des pieds pour assumer les surcoûts.
Les banques ont du mal à suivre et l’augmentation des taux d’intérêt n’est pas un facteur facilitant.
L’État pourra aider. Un peu. Mais avec 3000 milliards de dettes, il est difficile d’avoir les moyens de ses ambitions. Et on peut redouter qu’il estime bien nécessaire d’augmenter les taxes pour financer tout cela.
Il nous faut du concret, de l’opérationnel pour parvenir à réaliser tous ces plans et toutes ces stratégies.
On ne connait pas à ce jour la teneur de ce qui sera annoncé dans la future planification.
Mais on peut dire que, pour l’instant, cela plane déjà pas mal.
Or, pour surmonter le « mur énergétique » annoncé pour 2030, passer par la voie des airs ne semble pas une piste réellement envisageable.
* Programmation pluriannuelle de l’énergie
* Plan national d'adaptation au changement climatique
*Stratégie de développement de la mobilité propre
* Conseil de planification écologique
* Secrétariat Général à la Planification Ecologique
* Conseil National de la Refondation
Florence Berthelot
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