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Frontière bloquée par les agriculteurs espagnols : "Ça commence à être long" pour les transporteurs routiers

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Les agriculteurs sud-catalans bloquent ces mardi et mercredi la frontière à La Jonquera. La circulation vers l'Espagne est totalement coupée sur l'autoroute A9 à partir de Leucate (Aude). La Fédération nationale du transport routier s'inquiète des conséquences pour ses entreprises.

Des poids lourds bloqués sur l'A9 lors de la mobilisation des agriculteurs catalans début février. Des poids lourds bloqués sur l'A9 lors de la mobilisation des agriculteurs catalans début février.
Des poids lourds bloqués sur l'A9 lors de la mobilisation des agriculteurs catalans début février. © Maxppp - Nicolas Parent

Ces mardi et mercredi, mieux vaut éviter de se rendre en Espagne. En raison du nouveau blocage de la frontière par les agriculteurs sud-catalans, la préfecture des Pyrénées-Orientales a choisi de fermer l'autoroute A9 entre Leucate et l'Espagne. La petite barrière du Boulou est également fermée, dans les deux sens. Seul le sens Nord-Sud entre Perpignan Sud et Narbonne est possible sur l'A9, jusqu'à nouvel ordre. Les poids lourds ont interdiction d'emprunter les routes départementales pour éviter de bloquer la circulation comme ces dernières semaines. Françoise Gleize, la déléguée Méditerranée de la Fédération nationale du transport routier (FNTR) témoigne de son inquiétude sur France Bleu Roussillon.

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France Bleu Roussillon : Comprenez-vous l'action des agriculteurs ou en avez-vous assez de ces blocages à répétition ?

Françoise Gleize : Les deux ! Pour les transporteurs routiers qui exercent sur la voie publique, ça commence à être long. Nous avons eu un long épisode avec les agriculteurs français, et sur certains points en France ce n'est pas encore terminé. On remet le couvert cette semaine avec les agriculteurs sud-catalans, et les entreprises de transport routier perdent beaucoup de temps.

On a aussi une explosion des coûts parce que les conducteurs sont rémunérés pour des périodes d'inactivité. On fait également des kilomètres en plus, et le client ne le prend pas en charge, ce qui est compréhensible. Enfin, nous réalisons moins de transports, donc nous enregistrons une baisse du chiffre d'affaires.

Comment font les chauffeurs qui sont bloqués parfois plusieurs jours ? Sont-ils ravitaillés en nourriture ?

Pas vraiment. Surtout pas sur les départementales. Sur autoroute, parfois Vinci passe des accords avec la Croix Rouge pour leur apporter quelque chose. Quand l'autoroute était bloquée il y a dix jours jusqu'à Béziers Ouest, j'ai prix l'autoroute et j'ai vu quand même des conducteurs très disciplinés, arrêtés sur les aires saturées et sur les bandes d'arrêt d'urgence pour avoir un peu de ravitaillement, des services d'hygiène, etc. Ils ont été patients.

Il n'y a donc aucune tension lorsque les camions sont agglutinés ?

Bien sûr que des tensions, il y en a forcément. La patience est mise à contribution, ils ont une famille, il y a la pression des clients. Et la pression monte crescendo quand ils transportent des denrées périssables, par exemple, car le client est beaucoup plus impatient.

Estimez-vous que ce genre d'évènements est bien géré par les autorités ?

Quand les préfectures discutent entre elles, nous faisons valoir nos arguments et nous nous engageons à passer des messages de sécurité, pour éviter au maximum de se déplacer quand ce n'est pas indispensable. Nous avons tenté d'obtenir un tri entre les véhicules qui vont vers l'Espagne et qui ne pourront pas s'y rendre, et ceux qui vont simplement vers l'Aude ou les Pyrénées-Orientales. Jusque-là, ça nous a toujours été refusé, par manque de forces de l'ordre et on le comprend, mais c'est difficile.

Les agriculteurs protestent contre la concurrence étrangère, qu'ils jugent déloyale. N'est-ce pas un sujet qui concerne également le transport routier ? Les entreprises françaises parviennent-elles à concurrencer les autres pays d'Europe ?

C'est un problème quotidien. Il y a une vingtaine d'années, 50% des échanges entre la France et l'étranger étaient réalisés par des entreprises françaises. Aujourd'hui, ça tourne autour de 4% ; nous avons perdu la quasi-totalité des marchés à l'international et nos parcs sont repliés sur des marchés nationaux. Environ 75% de nos conducteurs d'entreprises françaises rentrent chez eux tous les soirs.

Certains textes aujourd'hui sont censés nous protéger. Notamment dans le paquet route à l'échelle de Bruxelles, un conducteur étranger qui réalise un transport national doit être payé au Smic français avec des charges sociales en France. Mais il n'y a aucun moyen de contrôle.

Pour ces raisons, comprenez-vous le mouvement des agriculteurs ou estimez-vous que le fait de bloquer les routes n'est pas la bonne solution ?

Le fait de bloquer pour faire parler du sujet, ça peut être une solution. Le problème, c'est quand ça s'installe dans le temps. Il faut faire attention à ne pas bousculer l'économie. Là, concernant ces entreprises locales qui ont subi les mouvements français et subissent également les mouvements espagnols, ça commence à faire beaucoup.

Combien d'emplois le transport routier représente-t-il en Occitanie ?

Dans la région, nous avons 2.000 entreprises employeurs, qui emploient 30.000 personnes. Ces derniers sont à 95% en CDI. Et les trois-quarts sont des conducteurs routiers.

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