Signes d’intelligence

 Il n’existe aucun consensus sur la définition de l’intelligence. D’ailleurs, il n’y a souvent pas de plus idiot que quelqu’un qui se croit très intelligent.

Le scientifique italien Stefano Mancuso a créé la controverse en soulignant que le monde végétal était doué d’intelligence car il s’agit d’abord et avant tout de « la capacité à résoudre des problèmes ».

L’année 2023 sera indiscutablement l’année où l’intelligence artificielle s’est vraiment fait connaitre du grand public. D’abord avec Chat GPT. Dissertations juridiques, discours politiques, et surtout réponses à de multiples questions, la version gratuite a déjà bluffé beaucoup de gens. Au passage, l’auteure de ces lignes a été légèrement déçue de constater qu’ayant eu recours (sciemment) au programme cité pour écrire l’édito du magazine « Horizons », personne ne s’en était rendu compte…. Et pourtant on ne retrouvait pas le style (inimitable n’est-ce pas ?).

Les outils d’IA ont tout envahi : le monde des images (on a vu le pape en doudoune), le monde de la musique (nous vous recommandons d’écouter le générique de « Tchoupi » avec la voix de Johnny Hallyday), et plus impressionnant encore : le monde de la traduction. En effet, un nouveau dispositif permet de prendre une vidéo de trente secondes d’une personne qui parle dans une langue, pour traduire dans une autre langue, en reconstituant le mouvement des lèvres et avec sa propre voix.

C’est ainsi qu’on peut voir le Général de Gaulle faire un discours en portugais ou en hindi ou Donald Trump tenir une allocution en français (avec un léger accent canadien). C’est troublant et cela peut totalement bouleverser le monde du doublage.

Tout cela va de plus en plus vite. Mais n’est-on pas là dans le gadget ? Car, pour l’instant, on voit les possibilités d’automatisation des tâches, mais il n’est pas certain que, pour l’instant, cela résolve des problèmes.

D’expérience, deux heures à converser avec Chat GPT sur le report modal ont valu leur pesant de petits pois. Chiffres faux, raisonnements tronqués, heureusement que l’on connaissait un peu le sujet car pour un profane, tout aurait été considéré comme parole d’évangile. Le programme étant apprenant, on ne peut que souhaiter qu’on lui a remis les algorithmes en place…

Il ne s’agit pas ici de faire de longs commentaires (faits ailleurs) sur les bienfaits et les risques. Seulement, voilà la presse s’est fait l’écho d’une entreprise qui a licencié plusieurs centaines de salariés pour les remplacer par une IA. L’entreprise en question fait de la veille media.

Mais manifestement beaucoup de professions pourraient être menacés : journalistes, magistrats, et même médecins (des tests ont semble-t-il mis en évidence que les diagnostics faits par IA étaient plus performants…) etc…

On va tenter de se rassurer : ce n‘est pas demain la veille que le transport sera réalisé par une telle intelligence. Sans doute, l’optimisation des flux, calcul de parcours, gestion de parc. Mais la livraison physique ? A moins que les camions autonomes et les robots livreurs n’entrent dans la danse, ce n’est pas pour tout de suite.
Mais peut-être après-demain ?

Il serait idiot de balayer cela d’un revers de main en pensant que cela n’arrivera jamais, et tout aussi idiot d’avoir peur trop tôt.

Le Gouvernement français a finalement pris conscience de la nécessité de prendre le train en marche. L’ambition est de faire de notre pays un « leader » de l’intelligence artificielle d’ici 2030. Le fait est que l’on est quand même très en retard.

Mais le plus drôle c’est que pour déterminer les modalités pour parvenir à cet objectif ambitieux, les pouvoirs publics ont décidé de créer…un comité.

C’est si français.

Gardons le sens de l’humour.

Car, et cela est universel, on ne peut pas qualifier d’intelligent quelqu’un qui n’a pas d’humour.

Et pour la machine, il y a encore du chemin

Florence Berthelot