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Légitimes dépenses
Faisant suite au précédent édito sur le DOGE, il est très intéressant de voir comment ceux qui le promeuvent commencent à recenser des dépenses assez étranges. Attention, des informations assez farfelues circulent et nous n’avons pas pour habitude de propager des « faque niouzes ».
On évoque ainsi une étude d’un coût de 100 000 dollars sur l’effet du gin ou de la tequila sur l’agressivité des poissons ou une autre étude de 750 000 dollars pour savoir s’il a été dit que le premier pas de l’Homme sur la lune est un petit pas pour l’Homme, ou un petit pas pour UN homme. Il parait que la dernière étude ne permet pas de trancher. C’est ballot.
Plus sujet à caution, une étude très coûteuse sur le transgenrisme chez les singes ou la solidité des maisons en pain d’épice en cas de tremblements de terre.
Bon, on rigole, on rigole mais derrière cela il y a un vrai souci de simplifier la bureaucratie, de réduire le nombre de textes, règlements et autres et évidemment de sabrer dans des dépenses inutiles.
Ce débat est compliqué : du point de vue de celui qui la réclame, toute dépense est parfaitement légitime. Mais la réalité, c’est qu’il faut se poser deux questions : « est-ce que cette dépense est nécessaire ? » et « est-ce que cette dépense est nécessaire maintenant ? ». C’est ce que nous faisons tous à titre individuel ou en tant que chefs d’entreprise. Cela s’appelle de la saine gestion.
Il n’est pas certain, d’ailleurs, que les députés et sénateurs examinent ligne par ligne, le détail des crédits et dépenses établis par chaque ministère. D’ailleurs, dans chaque ministère, y a-t-il vraiment quelqu’un qui le fasse ? Et si oui, n’y aurait pas la crainte que faute de réclamer un budget une année, on ne puisse plus le demander plus tard ? On se doute que poser la question, c’est déjà y répondre.
La question est la même pour les collectivités locales. Franchement, 1,4 milliard d’euros pour rendre la Seine baignable, est-ce utile ? De même, un coût de 47 euros unitaire pour un sac en tissu destiné aux jeunes parents de la capitale avec un hochet en bois, gobelet en inox, un savon, et des lingettes réutilisables alors que le coût estimé serait de 30 euros, est-ce raisonnable ?
Nous ne tomberons pas dans le travers de ceux qui via les réseaux sociaux demandent la suppression radicale de telle institution, ou telle agence ou tel organisme ou pire tel montant lié à une politique publique bien précise. Ce n’est pas de notre ressort.
Nous pouvons seulement dire que faute de regarder d’abord les dépenses, les écotaxes sont une très mauvaise idée, que ce n’est pas le moment de raboter la ristourne de TICPE ou de supprimer la déduction forfaitaire spécifique. (Ah zut, deux au moins de ces mesures sont qualifiées de dépenses par l’État alors qu’il ne s’agit que de moindres recettes… Sémantique quand tu nous tiens !).
Nous pouvons également regarder le rapport de la mission d’information du Sénat qui vient juste d’être publié. Intitulé « Mission d’information sur la dégradation des finances publiques octobre 2023 – septembre 2024 : une irresponsabilité budgétaire assumée, un parlement ignoré. », sa lecture est confondante.
En une quinzaine de pages de synthèse, résumant des centaines de documents et des heures d’audition, la Commission des Finances du Sénat use (de manière inhabituelle car on est très poli au Sénat) de formules très sévères pour pointer du doigt comment, pour quoi et par qui, nous sommes aujourd’hui au bord du gouffre. Le lecteur aura intérêt à en prendre connaissance.
Citons la dernière phrase : « Les précédents Gouvernements ont ainsi mis le Parlement et les Français devant le fait accompli d’un déficit budgétaire abyssal et historique fin 2024, nécessitant des mesures de redressement dont ils rejettent désormais toute responsabilité ».
C’est envoyé.
Naturellement, cela nous ramène - par incidence - à l’acceptabilité de l’impôt et la légitimité de nombreuses dépenses.
Il faudrait juste surveiller le point de bascule où le contribuable passera de la légitime dépense à la légitime défense.
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