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Le mail du vendredi après-midi
Vous avez remarqué que c’est généralement lorsque vous êtes en train de plier bagage et de quitter votre bureau que vous recevez le message mail (ou sms) qui vous flingue la fin de la semaine ou le début du week-end ?
En l’occurrence, c’est un texto donnant une info des Échos : « Le FMI préconise, notamment une taxe sur les transports routiers pour « assainir » les finances de la France ».
Gros soupir. Voilà que ça recommence. Cependant, à tête reposée, il convient d’aller regarder exactement ce qu’a dit le Fonds Monétaire International. Le document en question date du 23 mai et s’intitule « France : conclusions des services du FMI à l’issue de leur mission de 2024 au titre de l’article IV » (1).
Ce que l’on peut y lire est un peu différent. Ce document se veut être une synthèse d’un bilan et de perspectives économiques. On y trouve effectivement des préconisations de mesure sur le marché du travail, pour stimuler la productivité des entreprises (etc.). Et évidemment, il y a un chapitre sur la transition verte.
On y apprend qu’il est « prévu que les dépenses consacrées à l’environnement atteignent environ 1,3% du PIB en 2024. Les principales mesures sectorielles comprennent les aides accordées pour la rénovation des bâtiments (MaPrimeRénov’), la décarbonation de l’industrie, et l’achat de véhicules particuliers zéro émission. » Sans doute, c’est ce qui était prévu mais la situation budgétaire a amené le gouvernement à sabrer dans beaucoup de dépenses de cette nature.
Plus loin, on lit : « À moyen terme, de nouvelles charges sur le transport routier pourraient également être envisagées pour maintenir une couverture adaptée des externalités liées au transport, tout en aidant à compenser la baisse des recettes sur les carburants, et en intégrant des considérations liées à l’équité et à l’environnement. »
OK, la phrase est assez peu claire. Mais on comprend qu’on ne parle pas « d’assainir les finances » et surtout qu’on parle du transport routier. Tout le transport routier. Pas que le transport routier de marchandises. Grosse nuance : les automobilistes en feront (feraient) aussi les frais.
Nul doute que comme d’habitude, on commencera par les camions mais qu’au final ce sera pour tout le monde.
Il y a juste un souci : depuis la Loi climat et résilience, les écotaxes sont prévues au niveau régional et pas national. Et on souhaite bon courage à tout Gouvernement qui voudra renationaliser ces taxes…
Mais surtout, le but n’est nullement d’être vertueux. Relisez bien « tout en aidant à compenser la baisse des recettes sur les carburants ».
Partant du principe qu’on va quitter de plus en plus les énergies fossiles - déjà lourdement fiscalisées - pour aller vers des énergies moins taxées, il va bien falloir compenser la baisse de recettes pour l’État ! On flaire à nouveau un débat sur le rabot de la ristourne de TICPE sur le transport routier, et une hausse des taxes sur les énergies alternatives.
C’est une histoire sans fin… Un éternel recommencement. C’est lassant.
Au passage, s’il n’y avait qu’un chiffre à retenir de ce document, c’est un chiffre dont on ne parle jamais.
Alors que l’on ne cesse de nous parler de décarbonation matin, midi et soir, le FMI annonce que « depuis 2005, les émissions de la France ont diminué de 23 % ».
C’est considérable. Trois secteurs d’activité ont permis cela : la production d’énergies, l’industrie et les bâtiments. Avec d’autres secteurs dont celui des transports, on pourra faire encore mieux.
À condition de nous permettre d’investir dans de nouvelles motorisations ou organisations de transport, et donc d’arrêter de nous ponctionner en taxes diverses.
Sinon pour les mauvaises nouvelles, merci d’attendre lundi matin (ou merci d’attendre tout court).
(1) https://www.imf.org/fr/News/Articles/2024/05/23/france-2024-mission-concluding-statement
Florence Berthelot
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